Heureux ceux qui n’en savent
rien ! qui, nés au même berceau, nourris au même foyer, commencèrent
ensemble l’amour et la vie ! comme Isis et Osiris, les divins jumeaux, qui
s’aimèrent au sein de leur mère, et s’aimèrent même après la mort.
Mais la Fable nous apprend
qu’enfermés encore dans leur mère, encore dans les ténèbres de leur douce
prison, ils mirent le temps à profit, que cet amour si précoce fut déjà fécond,
et qu’ils créèrent même avant d’être. Nous ne voulons pas pour les nôtres que
les choses aillent si vite que pour ces dieux brûlants d’Afrique. Il faut une
initiation, il faut de la patience, il faut mériter d’être dieux, pour savourer
profondément le moment divin dans sa plénitude.
Michelet,
La femme.